2 Avril 2016
Ah les belles âmes bien nées… de la dernière minute,
Qui se foutent copieusement de leurs propres sdf
Pas assez médiatiques, façon pub unicef,
Et, pour les clandestins, nous jouent des airs de flûte.
Les jolis démocrates qui clament haut et fort
Leur volonté d’accueil des migrants et consorts,
Qui, leur dernière chemise, donneraient pour satisfaire
Aux exigences règlementaires du savoir plaire.
Les bons républicains qui brandissent leurs valeurs
Comme exigence sine qua non de leur bonheur,
La générosité et l’humanitarisme
En réponse à la xénophobie, au racisme.
Les citoyens modèles qui vénérent l’Etranger,
Devenu de la mansuétude, mètre-étalon,
Celui qui s’y refuse devra être jugé.
Et ces associations qui profitent du filon,
Cette manne de subventions ne saurait se tarir,
Tant de biberonnés à l’Ailleurs à nourrir.
Et puis les autres, en manque de notoriété
Qui n’ont pas trouvé mieux pour enfin exister
Que vous sommer de faire preuve de fraternité
En s’exonérant de cette solidarité.
Des Deneuve, Aznavour, Lavoine, et toute la clique
Qui donnent des leçons mais ne se les appliquent.
C’est facile de parler de réponse collective
Quand dans les beaux quartiers, on fuit ces forces vives ;
C’est bien beau d’exhorter à la bonté chrétienne
Enfin surtout à celle des autres et pas la sienne.
La larmichette à l’oeil, trémolos dans la voix,
Coeur sur la main et charité en bandoulière,
On jurerait presque leur affliction sincère,
Si on ne les savait pros de la langue de bois.
Le concours est lancé, les enchères sont ouvertes,
Les paris pris, ça se bouscule au portillon,
Anticapitalistes, porteurs de goupillon,
Rivalisent dans l’aboutissement de leur perte.
Dans l’espoir de pouvoir se donner bonne conscience
Ils nous refont le coup du camp de la tolérance,
L’indignation sélective et obligatoire,
Les yeux grands fermés sur l’invasion migratoire.
Au nom du vivre-ensemble, va falloir se pousser
Pour faire place à cet Autre donné gagnant-placé.
L’Autre et son légendaire pouvoir de séduction
Qui fait certaines créatures frétiller,
Joindre l’utile à l’agréable, sainte mission,
N’étant plus guère par les Français émoustillées.
L’Autre, nouvelle icône de cette compassion
Qui s’émeut du lointain et ne fait attention
A ce sans-abri qui meurt dans l’indifférence.
Puisqu’on vous dit : l’immigration est une chance !
Tant pis donc pour Mamie qui n’a pas à manger
Qui, pour ce faire, le soir doit curer les poubelles,
C’est du dernier chic d’accueillir un étranger,
Ca vous a un côté pasionaria rebelle.
Quant au laissé-pour-compte, là en bas de la rue
Dont la vie fut loin d’être un long fleuve tranquille,
Aux yeux de ces gens-là, il n’est qu’une verrue
Qui défigure la vue, dit l’épouse de l’édile.
Voir en direct une civilisation mourir,
Fille aînée de l’Eglise, voilà ton châtiment
Ou quand l’ethnomasochisme devient un délire,
Puisqu’aux chrétiens, tu préfères les mahométans.
Oreliane